18 mars 2015

UN extrait du merveilleux livre de Jean Bouchart d'Orval que je lis avec délectation !!

Simplement, je suis là. Dans ma non-complexité, je suis un. Dans le Un, point de parties : Je suis sans couture ! Dans le Un, même plus d’endroit pour quelque chose que je pourrais appeler le UN. Qu’est ce qui saurait me jauger ? Qu’est ce qui pourrait mesurer en moi ? Je suis parfaitement démesurable.
La pensée a rangé ses mètres et ses horloges, un peu lasse de conjuguer la vie sur des modes et des temps irréels. Car tout ce qui s’élance vers les sommets trompeurs d’un futur vient s’abîmer dans la désolation d’un passé composé et toujours plus antérieur.
Ne reste plus que l’infinitif, sans sujet qui puisse s’approprier l’action. Pourquoi faudrait il sans cesse un sujet ? C’est le sujet qui limite l’action du verbe. Dans « infinitif » on reconnait « infini ». Naître, grandir, mûrir, aimer, bénir, vieillir, partir. Mais surtout connaître, connaître, connaître.
Les mortels eux se prennent pour d’infinitésimales bulles d’espaces-temps coincées entre le futur et la passé. Monde irréel, ou contrairement à ce que l’on croit, le futur précède toujours le passé. C’est la soif du futur qui a formé le passé et conditionne le présent. C’est la ruée vers l’avoir et le paraître avec leur illusoire sécurité, le monde du devenir qui réclame toujours plus de matière première.
Le temps ne ménage pour les mortels aucun repos, aucune sécurité.
 La mort ? Une incommensurable banalité, un des innombrables faits divers de l’espace temps.

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